Guillaume Caunègre D.O.-M.R.O.F.
INTERVIEW du magazine FORBES WOMAN RUSSIA – Mars 2012
1) De quelle façon les femmes peuvent-elles mettre à profit la connaissance de leur physiologie dans leur vie professionnelle ? Certaines femmes peuvent-elles réussir à ne pas dépendre de leur cycle hormonal ?
L’expérience et la sagesse dépendent fortement chez les femmes du rapport qu’elles ont à leur propre corps. La physiologie d’une femme est bien plus complexe que celle d’un homme car elle requiert une attention totale ainsi qu’une certaine harmonie pour fonctionner pleinement. Bien connaître la façon dont votre corps, vos organes et votre cerveau réagissent vous donne une longueur d’avance décisive pour atteindre votre potentiel maximum dans votre travail, que ce soit lors de prises de décision ou dans le management de vos équipes. Plus vos responsabilités sont grandes, plus il est nécessaire de bien gérer votre santé et votre physiologie. J’ai ainsi élaboré une stratégie globale à l’attention des femmes dirigeantes.
Les femmes qui ne tiennent pas compte de leur cycle hormonal et qui puisent dans leur réserve d’énergie pour contrebalancer les phases difficiles de leur cycle s’épuisent et courent le risque d’être contre-performantes ou de tomber malades. Elles réduisent de ce fait la longévité de leur carrière. Être à l’écoute de leurs cycles hormonaux peut amener les femmes à mieux gérer leur énergie pour faciliter les moments de réflexion, de calme, de prise de décision, de communication et booster ainsi leur productivité.
2) Quels sont les jours propices à bien travailler et ceux qui ne le sont pas ? (En fonction des changements émotionnels entraînés par les différentes phases du cycle hormonal). Comment une femme peut-elle connaître ses bons et ses mauvais jours ?
Les cycles hormonaux impactent chaque femme différemment. Même si chaque cycle est différent chez une même femme, un schéma récurrent peut être pris en compte lors de la planification de leurs tâches et de leur agenda. Il y a des moments de grande énergie et même d’euphorie qui peuvent être mis à profit durant les séances de travail collectif, pour développer des stratégies de groupe, pour mener des réunions ou prendre la parole en public. Les phases dominées par les émotions et le besoin de solitude devraient être employées à la réflexion, à la planification et à l’écriture. Les phases les plus difficiles du cycle devraient être idéalement réservées à la récupération et aux activités douces et en extérieur.
Toutes les femmes sont capables de savoir où elles en sont dans leur cycle ; pourquoi elles se sentent de telle façon ou comment elles peuvent améliorer leur intelligence émotionnelle à travers la mise en place d’objectifs précis et d’une bonne gestion de leur temps.
3) Est-il possible de réduire l’influence des cycles hormonaux sur notre capacité à travailler ? Comment faire face au stress et prendre des décisions importantes durant ces phases difficiles ?
La gestion de leur santé devrait être une des principales priorités de chaque femme active. Les femmes peuvent, grâce à des compléments alimentaires à base d’éléments naturels, stabiliser et équilibrer leurs réactions hormonales à chaque instant de leur cycle. Cette complémentation comprend entre autres le Magnésium, l’huile d’onagre, la vitamine B, les huiles de poisson Oméga 3 et les probiotiques.
Mais une bonne nutrition reste l’élément clé de ce contrôle : elle limite la production des hormones du stress qui circulent dans le corps et augmente ainsi les réserves énergétiques pour un plein fonctionnement des muscles et du cerveau. La consommation de sucre est une addiction. C’est le principal facteur de stress et d’inflammation. Elle doit être absolument contrôlée pour garantir un fonctionnement stable et performant du cerveau ainsi que la régularité des cycles.
Les femmes feront alors le choix de décaler les décisions importantes et les échéances urgentes quand elles sont stressées, sachant qu’elles peuvent sinon perdre la plupart de leurs capacités et se trouver sous l’influence d’émotions pénibles.
4) Pouvez-vous s’il-vous-plait nous en dire plus sur votre « management efficace de la santé pour une plus longue carrière » ? En quoi consiste-t-il ? Et comment une femme peut-elle l’appliquer ?
Cette idée a mûri lorsque dans les années 90 j’ai commencé à soigner et prendre en charge des athlètes de haut niveau classés mondialement dans des disciplines aussi variées que le golf, le tennis, la formule 1 ou l’athlétisme. J’ai ensuite rapidement aidé des chefs d’entreprise et autres cadres dirigeants à augmenter leur performances professionnelles, à adapter leur capacité à communiquer en fonction de leur auditoire et à élaborer un régime alimentaire sur-mesure avant des moments clés et intenses comme le lancement d’une campagne, ou une fusion par exemple. Il s’avère que les femmes sont encore plus sensibles à ce mode de management de la performance en raison de leur physiologie spécifique. Par conséquent, leurs demandes en termes de résultats sont devenues de plus en plus importantes au fil du temps. C’est à ce moment là que j’ai commencé à travailler sur les effets à long terme du management de la santé chez les femmes cadres dirigeantes. Nous nous sommes concentrés sur les rythmes chronobiologiques, le régime alimentaire et les exercices de stimulation cérébrale en travaillant encore plus spécifiquement autour du cycle hormonal. Je partage cette méthode de gestion de carrière à travers mes sessions de formation individuelle en one on one mais également lors de sessions en groupe à destination des entreprises.
Dans un premier temps, et idéalement, la plupart des femmes consulteraient un professionnel de la santé dans les domaines de l’ostéopathie, l’acupuncture et la naturopathie. L’usage régulier de ces méthodes de soin aide à éliminer les blocages physiologiques, soulager les restrictions mécaniques et réguler les rythmes naturels pour prévenir les dommages sur le système nerveux et hormonal ainsi que sur la digestion. Les résultats sont tangibles et rapides avec des effets positifs sur la performance des femmes d’affaires.
5) Comment organiser notre rythme de travail pour le rendre plus efficace et développer notre capacité à résoudre les problèmes rencontrés dans notre univers professionnel ?
La bonne gestion de notre efficacité dépend en grande partie du biorythme naturel que nous suivons pour rester attentifs, concentrés et stables émotionnellement.
Le lieu de travail est un environnement qui nécessite d’être appréhendé dans cette optique, or ce n’est que trop rarement le cas comme le montre le nombre de femmes développant des comportements addictifs que ce soit à l’activité sportive, aux régimes ou à la prise de médicaments. Nous vivons dans un monde où l’on demande de plus en plus à chacun de nous, repoussant sans cesse les limites du temps et du raisonnable, ce qui ne laisse pratiquement aucune place pour le sens commun ou la protection de la santé. De plus en plus, les femmes foncent droit dans le mur, de manière rapide et brutale et la facture à payer est de plus en plus élevée. Chaque femme qui décide de mieux protéger sa santé et son bien-être peut devenir une des rares femmes qui s’épanouiront et profiteront d’une belle et longue carrière professionnelle.